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Dieu a un plan merveilleux pour ta vie

Le 6 janvier 2005 par Florent Masson

Les pieds de vigne, noirs, courbés et mutilés, sont accrochés aux fils qui les maintiennent, prisonniers alignés sur les collines. Le sol, jonché des tailles, sarments morts entassés, témoigne du passage des ouvriers. C’est une image lunaire, presque de grand désert, que donnent les paysages de Champagne, en hiver, comme dans toutes les régions de vin. Si je ne vivais pas ici, j’aurais de la peine à croire que, d’une telle désolation, la vigne va renaître, et se couvrir de feuilles et de bourgeons, de fruits juteux et pleins, dont on fera le nectar de nos fêtes. Ainsi en va-t-il de nos vies, nous pensons parfois être au bout des routes, mais nous n’en savons rien. Rien n’est plus nécessaire à cultiver que l’espérance.

J’ai relu aujourd’hui le discours sur la montagne, en fait tout le début de l’Evangile selon saint Matthieu. Ca m’a frappé, là, au milieu des vignes en deuil, à quel point le Seigneur connaît le cœur de l’homme. Et combien, dans sa bouche, reviennent des mots comme « ne craignez pas », « n’ayez pas de soucis », « n’ayez pas peur ». Il met le doigt là où ça fait mal : soucieux de bien paraître, prompts à parader, soucieux de notre image, nous sommes en vérité taraudés par la peur, à l’intérieur. Abrutis par les considérations matérielles, inquiets de toutes choses, utiles ou bien futiles, rarement de l’essentiel. Dieu seul sait ce dont j’ai besoin. Et si je Lui fais véritablement confiance, même si je pense être inutile, et mort, comme une vigne en hiver, je sais qu’Il me fera donner du fruit, au temps que Lui aura choisi.

Je suis prompt à juger, Il me demande de pardonner. Je suis prompt à compter, Il me demande de ne pas garder rancune. Je suis plus prompt encore à me faire du souci, pour moi, les miens, mes proches, Il me demande de m’abandonner. Comme ces amants modernes qui refusent de cohabiter, gardent chacun leur nom, leur compte, et leur bagnole, nous sommes peu disposés à faire Alliance avec Celui qui Est. Nous sommes instables, comment aurions-nous connaissance du Stable par excellence, le Rocher sans lequel tout vacille autour de nous ?

La vigne folle, isolée, cœur sauvage, peut se targuer de n’être point taillée, mais son fruit est amer, et nul ne peut en profiter. Son grain pourrit et sèche, il agace les dents des animaux sauvages.

En vérité, Il est la vigne, la terre, le vigneron. L’Eglise est son domaine, à chaque âge son millésime. Si notre vie nous semble parfois bien morte, il nous faut cultiver l’espérance.

Je ne suis qu’un sarment, mais je dois faire confiance à Dieu. Je puis, par mon amour, ma confiance, et mon abandon, Lui permettre de me communiquer Sa Vie. Oui, parfois, Il me taille, oui, parfois, Il m’attache, Oui, parfois, tout est noir, et c’est comme un désert, mais je sais qu’Il fera pousser du fruit, de celui qui ne pourrit pas, de ma docilité, de ma foi, de ma confiance.

Nous voulons produire plus de fruit, et nous pensons parfois qu’un peu plus de décibels, de papier, de pixels, de réunions, sans parler des finances, pourraient nous y aider. Oui, pourquoi pas. Mais le risque est si grand de s’y perdre, de se faire du souci indu, cette moisissure de l’âme, qu’il vaut mieux prier plus, oui, apprendre, réapprendre, toujours, et chaque jour, à prier.

Sans Lui, je ne peux rien, et je suis un sarment tombé à terre.

« Pour moi , il est bon d’être proche de Dieu ;

j’ai pris refuge auprès de mon Dieu

pour annoncer les œuvres du Seigneur

aux portes de Sion ». (Ps 72, 28)

Que l’année 2005 fasse naître en nos cœurs des projets de mission vécus dans la louange, la prière, et l’adoration, et portés entre frère et sœurs habités par l’amour. Que chacun de nos gestes, et chacune de nos décisions, soient ceints de charité, de douceur et d’humilité. Alors, de nos vies sèches, le Seigneur fera naître pour chacun de nos frères un vin d’Eternité.

Profitons de nos temps de faiblesses, de doutes, d’hésitations, pour redire à Dieu la confiance qu’ont les petits enfants envers leur Père. Il nous arrive de penser que "c’était mieux avant". Nous ne savons pas juger ces choses : peut-être, au moment où nous pensions être utile, étions-nous comme des outres gonflées de vent. Peut-être, au moment où nous ne faisons rien, sommes-nous comme le raisin, qui mûrit lentement. Le meilleur est toujours à venir, puisque notre avenir, c’est Dieu.

Quand se fait en nos vies le silence - alors Dieu parle, Il peut être entendu, car Il n’élève que très rarement la voix, et Il lui faut nous ménager quelques temps de désert pour pouvoir être enfin entendus de nous. Cultivons le silence, cultivons l’espérance, demandons la confiance, d’avancer le coeur en Sa Paix, dans la joie ou les difficultés.

Je me souviens d’une phrase récoltée au hasard dans un groupe de prière, et qui m’avait frappé, à un moment où je croyais vraiment être inutile, et où tout était sombre autour de moi : Dieu a un plan merveilleux pour ta vie. A ceux qui ne savent pas, à ceux qui ne croient pas, à ceux que le malheur étouffe, je laisse cette petite phrase, à cultiver, à se redire, à dire aux autres, à transmettre à ceux que nous croisons : oui, mon ami, qui que tu sois, quelle que soit ta situation, Dieu t’aime, et Il a un plan merveilleux pour ta vie.

 

Florent Masson

 

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